Voici donc le compte-rendu imagé de la bataille d'Alerheim qui eut lieu en 1645, et que Stéphane et moi avons eu le bonheur de rejouer samedi dernier lors du 3ème Week-end Stratégique de Limoges.
La bataille d'Alerheim fait partie de la Guerre de Trente Ans et met aux prises les troupes du Saint-Empire germanique et de la France. L'armée française est menée par le duc d'Enghien et les opposants sont dirigés par le général Von Mercy.
1 - Déploiement :Mercy (en bas sur la photo) adopta un déploiement inhabituel. Le gros de l’armée bavaroise occupait la petite hauteur qui se trouvait derrière le village qui lui-même était fortifié et occupé par une force conséquente de canons et d’infanterie dont Mercy avait le commandement. Le village servait de saillant permettant de disloquer toute attaque coordonnée ennemie.
La reconnaissance française était faible car les Bavarois la maintenaient à distance. Sur la droite française (en haut sur la photo), une erreur capitale fut faite quand ils estimèrent que le goulet broussailleux était un obstacle sérieux. Pour aggraver les choses les Français se mirent poussivement en position, n’étant pas complètement en ordre de bataille avant la fin de l’après midi. Turenne se trouvait sur la gauche avec le corps de cavalerie de Weimar et la totalité du contingent hessois. Marchin commandait le centre et le duc de Gramont la droite.
2 - L'attaque catholique :Enghien, dont la mauvaise reconnaissance du terrain établissait que la lignée d'arbre située devant son front droit empêcherait toute manoeuvre, fait avancer son aile gauche et lance l'assaut sur le village d'Alerheim. Les canons français pilonnent les maisons dont certaines ne tardent pas à prendre feu, et les troupes du centre se lancent contre les fortifications qu'elles parviennent à prendre au prix de pertes sérieuses. Les défenseurs bavarois se replient derrière le cimetierre ou dans les quartiers de maisons en pierres plus sûres.
Mercy, craignant que l'aile gauche catholique renforcée d'une ligne d'infanterie lourde hessoise ne parviennent trop rapidement sur le plateau, lance en hâte son aile droite sur la ligne de crête.
Dans le soucis de maintenir la garnison d'Alerheim, il lance également son aile gauche le long de la lignée d'arbres, et son centre juste derrière le village en appui.
Zoom sur l'assaut du village dont un premier quartier est en feu.
3 - L'emballement protestant :Ne réusissant pas à transmettre ses ordres, Mercy n'a d'autre choix que de suivre son armée qui, ayant quitté ses positions défensives sur l'arrière du village avec l'ordre de charger, se lance bille en tête contre la cavalerie ennemie :
L'aile gauche bavaroise dévale les pentes abruptes de la colline et percute l'aile gauche française, tandis que l'aile gauche protestante longe les fortifications d'Alerheim, se fracassant contre les tirs dévastateurs de l'infanterie lourde du centre ennemi.
Si les charges protestantes sont efficaces du point de vue tactique, elles s'avèrent être très dangereuses sur le déroulement de la bataille : nombre de cavaliers bavarois poursuivent hors du champ de bataille les fuyards ennemis, emportant dans leur élan Mercy lui-même !
Enghien, voyant là une occasion en or, fait charger la cavalerie de son aile droite contre les bavarois désemparés.
En quelques minutes, l'aile gauche de Mercy n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Dans le village, les Catholiques ne progressent plus tandis que les flammes gagnent sur les maisons du village.
Situation générale : L'aile gauche de Mercy est décimée, l'aile droite est dispersée. Seule le centre protestant peut encore boucher les trous mais le village, choisi initialement par Mercy pour diviser l'armée catholique, risque de nuire à son tour aux bavarois.
4 - La lente progression catholique :Ayant enfin pu maîtrisé l'élan de leurs ailes en l'absence de Mercy, les généraux bavarois rassemblent leurs troupes et se positionnent en ligne défensive, en s'appuyant sur le terrain :
Les reste de l'aile gauche se positionnent dans la lignée d'arbres, l'aile droite s'aligne sur la crête.
Du côté français, les cavaliers de l'aile droite doivent d'abord se réorganiser avant de pousser plus avant leur avantage.
L'aile gauche française se lance enfin à l'assaut de la colline de laquelle Mercy (miraculeusement revenu de sa poursuite) et ses hommes avaient déferlé quelques heures auparavant.
Appuyés par l'infanterie lourde hessoise qui s'avéré finalement bien moins courageuse que prévu, les cavaliers catholiques prennent pied sur la hauteur au prix de nombreuses pertes.
Mais le plus dur est fait : à son tour l'aile droite bavaroise est décimée.
Vue d'ensemble : Bien que les deux ailes protestantes soient anéanties, les pertes et la désorganisation qu'ont subies les forces françaises les oblige à temporiser leur avancée.
5 - Résister jusqu'au bout !Alors que la fin de journée annonce la fin des combats et que pratiquement tout Alerheim est en flammes, les lignes bavaroises maintiennent leur cohésion, ne laissant aucune ouverture à l'ennemi qui pousse une dernière fois sur la colline, mais abandonne tout nouvel assaut sur son aile droite.
La bataille s'achève donc par une victoire marginale catholique, qui vit des bavarois trop enthousiastes contre-charger trop tôt, mais se battre avec acharnement !
Qu'importe : gageons que cette victoire saura contenter Mazarin !